Le 23 juin, deux élus de Plonéour-Lanvern se sont rendus au GAEC Avel Mor (anciennement Gaec de Kerbascol) à Saint Jean Trolimon. La visite s’est déroulée dans le cadre de Innov’Action, une opérations « portes ouvertes » portée par la Chambre d’Agriculture. A La différence des opérations « ferme ouverte », celle-ci est destinée aux agriculteurs, afin de favoriser les échanges de bonnes pratiques et inspirer l’action.
Pour des visiteurs non professionnels, ça a été l’occasion de découvrir un univers en pleine transformation, bien loin des clichés que l’on véhicule sur l’agriculture. Nous avons donc souhaité vous raconter ce que nous avons vu.
Présentation de l’exploitation
Le GAEC Avel Mor associe Patrick Tanguy, Pierre Le Floch, et, depuis 2015, Baptiste Tanguy (le fils de Patrick). Les 3 associés gèrent une exploitation de 140 hectares, dont une quarantaine à 15 km, au milieu de Loctudy et élèvent 110 vaches laitières.
Chaque année, ils produisent environ :
- 1 million de litres de lait ;
- des céréales (blé et orge) ;
- du maïs pour l’ensilage ;
- de l’herbe (sur 50 hectares, dont 30 de prairies permanentes) ;
- de la luzerne ;
- des betteraves ;
- des « dérobées ». Les dérobées sont des plantes que l’on sème entre deux récoltes principales. Au GAEC Avel Mor, ils sèment du méteil (composé de triticale, avoine, fèverole, pois et vesce).
techniques de conservation des sols
Le GAEC Avel Mor pratique le TCS, ou Technique de Conservation des Sols, depuis 2007. Il s’agit d’arrêter progressivement le labour, d’explorer des solutions qui déstabilisent moins les sols. Et les prochaines plantations vont pour la première fois être réalisées en semis direct sur certaines parcelles. Ces parcelles ont récupéré une bonne partie de leurs caractéristiques naturelles au bout de 10 ans. Il est maintenant possible d’y semer et de produire des quantités satisfaisantes avec peu ou pas d’utilisation de fertilisants ou de traitements phytosanitaires.
L’idée générale des TCS, c’est de reconstituer des sols avec beaucoup de vers de terre (« ils labourent pour nous »). En ne labourant plus, ou différemment, il reste des débris végétaux et donc une couverture sur les terres. La pluie et le vent provoquent moins d’érosion. Et en labourant moins, on crée moins de perturbation des sols, et on augmente la biodiversité de ce qui y vit.
Et une fois que les vers de terre sont redevenus assez nombreux (c’est maintenant le cas, au bout de 10 ans de travail), il devient possible de réaliser un « semis direct » : le sillon est ouvert mais le sol entre les sillons n’est pas déstructuré.
Une innovation qui nous sert tous

Les avantages sont nombreux pour les agriculteurs, mais aussi pour l’environnement et pour les consommateurs.
- Le sol est plus sain (moins de fertilisants, moins de traitements phytosanitaires).
- Les agriculteurs gagnent du temps et économisent le gas-oil puisqu’il n’y a plus besoin de multiples interventions.
- Les cultures sont plus résistantes à la sécheresse et aux maladies.
- La production à l’hectare augmente (+20% de matière sèche récoltée).
- La production de gaz à effet de serre (GES) par hectare est réduite de 34% par rapport à la moyenne départementale.
- La fonction de stockage du carbone est augmentée puisque les couverts végétaux augmentent.
Et cerise sur le gâteau, les techniques innovantes de culture des uns contribuent à essaimer l’innovation chez les autres. On peut prévoir que les journées Innov’Actions de juin 2017 créeront de nouveaux émules des TCS. Ils commencent à être assez nombreux pour qu’’une ETA (Entreprise de Travaux Agricoles) ait récemment investi. L’entreprise Le Lay, de Plonéour-Lanvern, présentait une machine originale, capable de réaliser simultanément le semis direct et le semis à la volée des dérobées qui pousseront entre les sillons.